Portrait de Céline Voignier, fondatrice de Tikoala

25 mars 2023

Quel exercice difficile de se présenter ! 

C’est en toute humilité que je souhaite vous livrer un petit bout de moi. Alors je vais essayer de le faire simplement, et surtout avec mon cœur et avec passion… 

Le 5 mars 2010, le nom est trouvé depuis longtemps déjà ce sera Tikoala, le nom de mon cinquième « bébé ».

Je disais souvent que mes enfants étaient mes P’tikoala. 

Ce 5 mars 2010, l’entreprise Tikoala est née ! 

Elle est née de mon désir d’accompagner les familles sur le chemin sinueux de la parentalité :

2001

En 2001, je donne naissance à mon premier bébé. Un petit garçon qui arrive un mois avant le terme. Un bébé qui souffre de reflux avec un besoin intense d’être porté. Un allaitement compliqué, un petit bébé qui ne prend pas de poids, et la mise au sein est très compliquée. Bébé est complété au biberon dès la naissance. De retour à la maison je m’acharne avec ce foutu tire lait Kitett, une vieille relique, qui fait un bouquant du diable. Je suis certaine que mon voisin d’appartement d’à côté entend le bruit de l’autre côté de la cloison 😉.  Au bout d’une heure, je récupère quelques ml… La mise au sein est toujours difficile. J’ai de grosses crevasses. Je suis douloureuse, je suis fatiguée… je suis jeune… j’ai peur que mon bébé ne s’alimente pas assez, alors je poursuis encore quelques jours l’allaitement mixte. Et j’enverrai promener ce foutu tire lait. Je comprendrai plus tard qu’avec une naissance très difficile, forceps, épisio, mon bébé a souffert. je n’ai pu l’avoir tout de suite contre moi, car on me l’a enlevé tout de suite, pour le prendre en soin… J’ai bien compris qu’il se passait quelque chose lorsque les médecins ont été appelés et que la chambre s’est remplie rapidement de soignants lors de mon accouchement… 

Fort heureusement on me ramènera rapidement mon fils. Mais en 2001, mon bébé a son premier bain dans la salle de naissance et on me rend tout habillé… Je comprendrai aussi plus tard que bébé a un gros torticolis avec plagio et que cela n’a pas facilité la mise au sein. Et surtout je n’ai pas eu d’accompagnement à cette période…

2002

En 2002, je donne naissance à mon deuxième fils. Je me dis que comme je n’ai pas pu allaiter mon premier enfant, je ne veux pas faire de différence avec mon autre enfant. Alors les biberons sont prêts !  Mais là surprise! la naissance se passe tout autrement. Le matin même, je donnais encore le bain à mon aîné avant de me rendre à mon  rendez-vous à la maternité. Je suis à 15 jours de mon terme. La sage femme me demande si j’ai quelqu’un pour garder mon plus grand, car bébé arrive c’est pour bientôt. Mon deuxième bébé naîtra l’après midi même et là, bébé trouve immédiatement le sein. Il est en peau à peau contre moi.

Je découvre l’association LLL. Je découvre le porte bébé Porte Câlin de la LLL. Mais je ne suis pas très à l’aise pour porter mon fils… je me débrouille.  J’apprends doucement à devenir maman…  Parfois je me sens seule, je me sens dépassée. Est ce que je suis une bonne maman ???  Je sens que je ne veux pas laisser pleurer mes enfants, même si j’entends qu’il faut faire le contraire. Je sais que ce ne sont pas des caprices ! Alors je m’écoute… j’écoute mes enfants… Et je  commence à lire aussi beaucoup d’auteurs. Tout ce qui touche de près à « la parentalité autrement »

J’exerce à ce moment-là en tant que Conseillère en Économie Sociale et Familiale où j’accompagne des familles. J’aime ce métier, je peux mettre en place des ateliers collectifs à destination des familles sur l’alimentation, la santé, le logement,.. Mais souvent je voudrais faire plus… mais pas toujours facile avec la lourdeur administrative. C’est beaucoup de dossiers à monter, d’aide, de subvention, de dossiers de surendettement, de paperasse… 

Je trouve que je n’ai pas assez de temps pour être auprès des familles. À côté, je commence à me renseigner sur le portage en écharpe. Je me souviens de mon premier emploi en centre social en 1997, où lors d’un atelier de cuisine une maman africaine m’a aidé à installer son bébé sur mon dos. Je m’en souviendrai toujours. Je lis tous les articles que je peux trouver sur le portage des bébés … J’attends mon troisième enfant. Ce bébé sera porté en écharpe c’est certain ! 

2005

2005 une petite fille vient agrandir la famille. Je suis à fond dans le portage en écharpe. Je trouve cela formidable et trop pratique. Surtout lorsqu’on est maman de deux garçons respectivement âgés de presque 3 et 4 ans 🙂 L’allaitement se déroule bien, malgré une inquiétude vers ses trois mois. Bébé n’a pris que 300g… je doute… mais ce qui va tout changer c’est l’accompagnement reçu à cette période notamment avec info allaitement 54. 

La maternité de Nancy commence à me demander de venir faire des démonstrations de portage pendant les cours de préparation à la naissance. Alors j’y vais avec mon bébé, trop heureuse de faire découvrir ce mode de portage aux parents. 

J’intègre à mon tour, en tant que bénévole, l’association info allaitement pour apporter un soutien, une écoute sur l’allaitement. J’ai repris à mi-temps, mon emploi en centre social… Pas facile avec trois enfants… Je continue à lire et à m’informer sur l’accompagnement à la parentalité…. J’attends mon quatrième enfant. C’est certain quelque chose d’autre m’attends…J’allaite toujours ma fille âgée de 17 mois…

2006

En 2006, je donne naissance à mon quatrième enfant, une deuxième petite fille, née un mois avant et qui bénéficiera à fond aussi du portage. J’avais lu beaucoup de choses sur le co-allaitement et me sentais prête, mais ma plus grande, peu de temps après la naissance de sa petite sœur, se sevra toute seule.

Je fais aussi, sur des petits temps, du portage double avec mes deux filles. 

Je reçois de plus en plus de parents pour leur transmettre le portage. D’ailleurs petite anecdote, j’ai animé un atelier de portage quelques heures avant de donner naissance à ma fille. Je me souviens avoir ressenti quelques contractions pendant l’atelier 😉

Au fur et à mesure de mes recherches, je trouve enfin un organisme de formation pour devenir conseillère en portage bébé. Mon expérience de maman en portage, c’est bien ! mais loin d’être suffisant pour animer des ateliers ! Alors je contacte l’AFPB, l’association française de portage des bébés. L’association vient d’être créée. 

Je serai dans les premières formées. Bien évidemment je me rends à la formation avec ma petite quatrième en écharpe. Et cette formation sera  LA révélation de ma vie ! La rencontre avec Céline Guerand et pleins d’autres belles personnes. 

J’entends pour la première fois le mot de Doula. Et découvre ce métier. Mais je me dis qu’avec 4 enfants en bas âge… Ce sera pour plus tard… 

Mais je prends quand même des renseignements auprès de l’association des doulas de France crée à peu près à cette période d’ailleurs si je ne me trompe pas 😉

Je suis à la maison avec mes 4 enfants., je continue à être bénévole pour info allaitement 54 où je propose désormais les ateliers de portage, toute fraîchement formée 😉

2007

2007 je me dis que comme je suis à la maison avec mes enfants je peux accueillir d’autres enfants. Alors je demande mon agrément d’assistante maternelle et effectue la formation. 

Me voilà bien occupée avec 6 enfants ! mais je garde mes samedi pour les ateliers de portage : Un le matin, un après-midi. Il m’est arrivé certains samedi d’en faire trois ! J’aime ces moments de rencontre avec les parents et leurs bébés… C’est certain j’en ferai un jour mon métier… 

Je continue à réaliser plusieurs formations, afin d’ajouter des cordes à mon arc pour accompagner au mieux les parents. 

2008

En 2008 j’obtiens mon agrément pour 3 enfants. 7 enfants à la maison… Je ne m’ennuie pas et je prends beaucoup de plaisir à être avec les enfants. Mais l’idée de créer mon entreprise est de plus en plus présente dans ma tête.

2010

2010 je me renseigne sur les différents statuts.  Et le 5 mars 2010 Tikoala est né ! Je continue mon métier d’assistant maternel. Les enfants accueillis seront scolarisés le matin. Je pourrais faire des ateliers le matin et les samedis…

Mais… 

C’était sans compter, sur l’annonce du diagnostic de la maladie grave de mon troisième enfant le 5 mai 2010. Cette maladie je l’avais sentie, pressentie… 

Ce matin du 5 mai, je fais venir un  médecin à domicile,  je suis certaine que ma fille a une leucémie. Il m’a répondu, ça peut être aussi une mononucléose infectieuse… Il faut attendre les résultats du bilan. Mais dans mon corps de maman je sais, c’est une leucémie… L’après-midi même ma fille sera hospitalisée en service d’oncologie !

Je dois arrêter mon métier d’assistante maternelle, prévenir les familles… Mais je peux et veux continuer à développer mon entreprise… je suis faite pour accompagner les familles, je le sais ! Alors, on trouve au plus profond de soi, la force, la force d’avancer… Il le faut… 

Le combat ne fait que commencer…. mais il y a la Vie, alors je vis, parfois je survis aussi…

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